Namasté mon frère. Tu n'as pas d'ennemi : de la posture du guerrier à la posture de l'enfant

"Mon corps est un temple, mes Asana sont mes prières", Yogi B.K.S.Iyengar

"Ishvara pranidhanat" /le chemin le plus direct est certainement l'abandon à Dieu.
 Yoga Sutra, Patanjali, 1-23


Vinyasa (enchaînement) de la posture Virabhadrasana à celle de Balasana

Nous voyons beaucoup de postures de guerriers orgueilleux, sûrs de leur superbe.


Ainsi,  ce sont des guerriers qui se battent contre un ennemi qui n'existe pas, puisqu'ils se débattent dans leurs propres contradictions :  combien d'entre nous aujourd'hui joignent les mains en Namasté et de l'autre renient les postures de prières qui ont cours de ce côté-ci de la terre? Combien d'entre nous pratiquent la Salutation au Soleil et dans le même temps se moquent éperdument de Dieu ("Dieu doit être adoré, pas Sa création")?  L’éloignement culturel est une excuse commode pour tomber dans la négation de la réalité de la pratique yogique : le Yoga est un chemin de Rectification. Nous ne trompons que nous mêmes en le niant. Il s'agit de faire cesser nos erreurs de jugement qui nous font glisser dans l'obscurité. Yogi Tirumalai Krishnamacharya,  à un auditeur qui lui demandait "qu'est-ce que le Dharma"(la Loi) , répondit : "c'est ce qui empêche l'homme de tomber". Serait-ce différent de ce qu'on appelle la Chute primordiale occidentale? 

Inversement, certains d'entre nous -notamment des tenants de cette fameuse tradition occidentale- accusent le Yoga de démesure (d'Hybris) , le confondant avec les sentiers de la perdition qui se réclament abusivement de lui. Qu'ils n'oublient pas que l'orthodoxie, quelque soit la culture a toujours eu affaire avec les déviations, ce qu'ici on appelle les hérésies : elles ne sont ni l'apanage, ni réservées à la voie du Yoga et à la culture indienne. Comme si l'écartement du droit chemin ne concernait pas tous les hommes... "Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil? Ou comment peux-tu dire à ton frère : laisse moi ôter une paille de ton œil, toi qui a une poutre dans le tien? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère".  Que cette idée reçue sur le Yoga résulte d'une profonde incompréhension, ou d'une certaine mauvaise Foi, combien faut-il de déconditionnements, pour relier notre contemplation chrétienne (con-templer, c'est tracer l'espace en soi, faire sien l'Espace) et les Asana de B.K.S Iyengar (" Mon corps est un temple, mes Asana sont mes prières")  et bien sûr le Samadhi, la contemplation yogique ultime. Le Yoga, le "Yuj", c'est l'Union, rien de plus, rien de moins. Qui y a-t-il de différent d'avec la communion (com(m)-union : être uni avec) ? 

Ego, c'est parce que tu te méprends sur ce qu'Il est et ce qu'Il n'est pas, que dans les deux cas, tu ne Le (re)connais pas.


Yogi Tirumalai Krishnamacharya pensait que c'était bien mal comprendre la posture du guerrier : il l'enseignait en disant joliment que les bras du guerrier devaient se mouvoir comme les ailes d'un oiseau. C'est une posture d'envol, de légèreté. 
De mon côté, je rajouterai que si nous souhaitons que ce battement d'ailes d'oiseau nous soit accessible, il nous faut commencer par plier le genou. Vous voulez connaître le Ciel? Alors, d'abord, inclinez-vous. Le guerrier véritable est un enfant à genoux.

Dès lors, lorsque l'on te demandera "ami ou ennemi?", tu pourras répondre : je n'ai pas d'ennemi. Comment pourrait-il avoir un adversaire celui qui s'envisage dans la terre entière? Namasté mon frère, il ne prend aucun parti puisqu'il est au service de la Vérité ("ekatattva" : un seul Principe) , celle qui implique son propre abaissement à chaque instant. Le Service véritable est douceur, il est la voie de l’apaisement parce qu'on rend les armes volontairement.

Tu n'as pas d'ennemi.